APPEL AUX COTISATIONS ET AUX DONS
Quand l’actualité ne dirige pas notre intérêt vers la situation française, c’est l’Ukraine qui nous préoccupe. Quand nous réfléchissons encore plus largement, ce sont des problèmes concernant toute la planète qui nous mobilisent, comme la prochaine pénurie en eau potable…
Pendant ce temps, les Talibans s’installent ! Par la force des choses, ils deviennent « autorités de fait » puisqu’ils ne sont pas reconnus comme autorités de droit.
Pendant ce temps, l’Afghanistan s’approche d’une situation de famine généralisée ! Le Programme alimentaire mondial estime que 12 millions d’Afghans se trouvent déjà en situation de pénurie alimentaire.
Nous essayons de maintenir notre aide au moins au niveau de ce qu’elle était les années précédentes :
Pour cela, nous adressons un appel pressant à nos adhérents fidèles qui ont omis cette année de nous transmettre leur cotisation.
Nous avons par ailleurs organisé un système de distribution de colis alimentaires :
50 € permettent de donner :
- 50 kilos de farine,
- 5 litres d’huile,
- 7 kilos de haricots rouges.
90 colis alimentaires ont déjà été distribués.
Ces colis sont attendus avec impatience. Nos amis fidèles assurent sur place la distribution. Nous voulons, comme pour les adhésions, faire au moins aussi bien que l’année dernière.
Si vous voulez participer à cette action de solidarité, envoyez votre chèque de 50 € ou faites un virement. Vous trouverez sur ce site tous les renseignements nécessaires pour le faire et également ceux pour adhérer ou renouveler votre adhésion.
Merci.
La présidente : Nafissa Sikandari
Informations sur les parrainages
Comme vous le savez, les talibans interdisent aux filles de plus de 12 ans d’aller à l’école. Cette interdiction est contournée de diverses manières. Les écoles clandestines se développent chez les particuliers, des institutrices continuent leur travail en se cachant, des étudiant(e)s réunissent quelques enfants chez des amis… L’enseignement par Internet se développe également beaucoup.
Il est évident que ce bricolage ne remplace pas une institution comme l’école. Mais il y a de belles initiatives, comme celles que rapporte AFRANE dans le domaine de la formation continue des enseignants. Mais les enseignants clandestins parent au plus pressé : les matières qui sont les plus fréquemment enseignées sont l’informatique et l’anglais, c'est-à-dire des contenus qui sont en quelque sorte préparatoires à l’exil. Les sciences naturelles et l’histoire sont les victimes de ce système, ce sont pourtant des contenus qui permettraient de lutter contre l’obscurantisme des talibans.
Les bourses que nous distribuons trouvent un usage plus large que précédemment : elles deviennent désormais une aide plus générale sur l’habillement ou la nourriture. Si nous maintenions que les bourses n’aident que les enfants scolarisés, elles n’aideraient que des garçons, une fois la sixième passée. Nous veillons à maintenir une proportion à peu près égale de filles et de garçons.
L’importance de la demande nous amène à fixer quelques règles :
- Nous maintenons l’aide jusqu’ à 18 ans.
- Nous arrêtons le soutien quand nous n’arrivons pas à localiser ces jeunes pour diverses raisons, soit qu’ils aient quitté la capitale à cause de l’insécurité ou du renchérissement du coût de la vie. Ils sont alors remplacés par des enfants en attente d’une bourse.
- Nous limitons à trois bourses par famille, une meilleure connaissance des familles nous permet d’être plus justes dans la répartition.
Nous remercions tous les parrains/marraines qui s’engagent dans cette aventure, ou la continuent avec nous, sans oublier nos correspondants sur place, qui ont la tâche difficile de repérer les familles les plus nécessiteuses.
La solidarité n’est pas un vain mot !
- Vous trouverez ci-dessous le texte de cet exposé (*).
- D'abord les parrainages, qui concernent actuellement 56 élèves.
Régine I, nous parla du bilan financier de cette action.
- Puis les distributions de colis alimentaires, seule action avec les parrainages qui subsiste et qui remplace les distributions de matériel scolaire et les travaux dans un lycée.
- Alain B. Trésorier présenta le bilan financier 2022.
- On procéda ensuite à l'élection d'un nouveau Comité d'Administration qui se réunit sur le champ pour élire le bureau. Celui-ci est composé de quatre personnes.
- Cette réunion se termina par des échanges conviviaux autour d'un thé afghan.
Quelques certitudes sur la situation en Afghanistan
Lors de notre précédente réunion, le samedi 10 octobre, nous voyions avec peine se dessiner le nouveau pouvoir des talebans, nous étions encore sous le choc du 15 Aout. Nous assistions à l’effondrement de l’armée afghane et l’installation, sans résistance ou presque, du pouvoir des talebans.
Nous avons maintenant plus de certitudes.
1) Les talebans mentent, et il est inutile d’essayer de discuter avec eux pour négocier un quelconque adoucissement de leurs positions. C’est ce qui est devenu évident après la conférence de Doha. Les américains ont essayé de négocier une transition politique : ils voulaient échanger leur départ contre quelques assurances concernant le droit des femmes. Les talebans ont exécuté leur programme sans aucune concession : progressivement, jusqu’à la dernière mesure en date : l’interdiction pour les femmes de suivre des études à l’université. Ne doutons pas qu’ils trouveront d’autres interdictions pour nuire aux femmes.
Réunion publique du 15 octobre 2022
Mme Saadia Osmani, présente le déroulement de la réunion et passe la parole à Nafissa SIKANDARI :
Comment expliquer la chute aussi rapide du gouvernement d’ Ashraf Ghani ?
Nafissa revient sur la conférence de Doha. Pendant cette conférence et les discussions qui l’ont précédé, la délégation talibane n’a fait que mentir, faisant semblant d’accorder quelques concessions aux droits humains, au droits des femmes en particulier. Dès que les talibans ont pris le pouvoir, ces concessions ont disparu, et il est devenu évident que les talibans n’avaient pas changé.
Il est de plus en plus clair que les soldats du régime avaient reçu l’ordre de ne pas se défendre et de laisser rentrer les talibans dans Kaboul sans combattre.
La ligne de conduite des Américains est devenue très claire : les Américains ne voulaient qu’une chose : partir. « Les Américains nous ont offert aux talibans ».
Les talibans n’ont pas changé, mais on peut repérer parmi eux trois tendances : un groupe d’intégristes absolus, qui obéissent à un commandeur des croyants qui reste caché. Un second groupe qui fait semblant de vouloir mener une politique plus souple et qui accepterait à la limite la scolarisation des filles, et un groupe majoritaire de « soldats de Dieu » qui n’a qu’une formation de combattant kamikaze et aucune formation politique.
Depuis un an, les talibans ont fait la preuve de leur totale incapacité à diriger le pays. Pas de travail, chômage endémique, insécurité permanente… Ce pouvoir ne durera pas longtemps, mais pendant ce temps, il sévit durement.
Les premières victimes en sont les femmes. L’interdiction faite aux femmes de travailler supprime des secteurs entiers de l’économie et de l’administration du pays. Éducation, santé, administration étaient les trois secteurs où les femmes étaient employées.
Les talibans font régner la terreur en organisant des perquisitions nocturnes, à la recherche des fonctionnaires de l’ancien régime. Les viols, qui sont fréquents lors de ces perquisitions, donnent lieu à des mariages forcés. Les talibans organisent la terreur sexuelle, faite de viols et d’enlèvements.
La politique des associations humanitaire est claire : permettre aux populations de survivre. La plupart des associations distribuent des vivres : c’est également ce que nous faisons avec nos colis alimentaires… Il n’est plus question pour l’instant d’améliorer une bibliothèque ou des salles de réunion ou un gymnase : lutter contre la faim devient le programme essentiel de toutes les associations. Le rétablissement de la sécurité n’est pas du ressort des associations : il viendra certainement, parce que les Afghans ne sauraient supporter longtemps cette terreur.
Intervention de M. le proviseur …m.. H.
Proviseur d’un lycée de Kaboul jusqu’en Aout 2021
Je vous remercie de m’avoir invité pour témoigner.
Je remercie l’Association «Solidarité Provence Afghanistan », pour tout le soutien qu’elle a apporté aux deux lycées dont j’ai été successivement proviseur. Je suis actuellement réfugié aux Pays-Bas, mais je garde un contact téléphonique permanent avec mon dernier lycée.
Je vais vous parler aujourd’hui de deux sujets :
Je vais vous dire quelques mots à propos du fonctionnement de l’Éducation nationale et de l’efficacité des aides. Je vais vous parler ensuite des changements survenus dans la scolarité des filles et le travail des professeurs femmes.
Quelques mots sur l’efficacité des aides : je voudrais dire qu’elle est visible dans la progression des élèves. Je tiens des statistiques sur la réussite à l’examen terminal (après la troisième année du lycée, l’équivalent du baccalauréat). Le taux de réussite a été en progression constante depuis que nous travaillons ensemble. Cela est dû à l’amélioration des équipements collectifs. Le terrain de sport, l’équipement de la bibliothèque, les achats de livres, les achats d’ordinateurs, la distribution d’uniformes pour les garçons et pour les filles, quel que soit l’âge ; le renouvellement constant du matériel abimé, l’amélioration des conditions matérielles que votre aide a permis, mais surtout peut-être a joué un sentiment psychologique : les élèves et les enseignants avaient le sentiment de ne pas être abandonnés, de participer à un effort commun et international. Je dois parler aussi de l’aménagement du circuit d’eau potable, de l’installation des réservoirs d’eau, du matériel des laboratoires de physique et de chimie, des fournitures de bureau, de la salle de réunion des professeurs, de la moquette de la crèche des enfants du personnel du lycée. Tout cela participe de l’éducation au sens large puisqu’il s’agit du bien-être, du confort de la bonne santé des élèves. Je signale l’importance particulière de la salle de réunion : c’est un symbole.
Chaque professeur connait l’origine de ces aménagements, et surveille soigneusement leur entretien. Dans la période actuelle je sais, par les contacts téléphoniques que nous conservons, qui ce matériel est bien gardé.
Je voulais intervenir aussi sur un sujet essentiel, vous le savez : l’éducation des filles. Le système éducatif se dégrade à toute vitesse, du fait des mesures prises par les talibans sur l’éducation des filles. Le problème se pose surtout dans les villes, là où il y a des enfants du niveau du collège et du lycée. On ne voit pas toujours que les mesures prises par les talibans détruisent le système dans son ensemble, y compris bien sûr, la scolarité des garçons.
Les femmes forment 80% de l’effectif des enseignant(es), le fait que les femmes soient chassées entraîne une dégradation numérique automatique du nombre de garçons scolarisés. Les femmes donnaient des cours aux garçons et aux filles, l’interdiction du travail des femmes fait fuir aussi les garçons, qui sont de plus en plus nombreux à déserter l’école
Le niveau a déjà baissé ; cela se constate déjà en quelques mois. Il y a aussi pour cela une raison économique : les salaires des enseignantes nourrissaient de nombreuses familles. Ils continuent d’être payés par l’UNICEF, il s’agit de 100 € par mois environ. Le maintien du système éducatif, tout dégradé qu’il soit, est une question de survie, en situation de famine.
L’interdiction des talibans vise particulièrement l’enseignement scientifique : le plus grand nombre des profs de mathématiques , de physique, de biologie et d’histoire étaient des femmes. C’est le résultat direct d’une conviction des talibans : c’est péché d’essayer de savoir comment le monde fonctionne. C’est l’affaire de Dieu. Ainsi, de plus en plus d’enfants estiment que la terre est plate…
Les écoles clandestines se développent à toute vitesse, surtout dans les régions les plus pauvres, chez les Hazaras et les chiites. Le niveau de la plupart d’entre elles est assez faible. On y enseigne surtout l’anglais et l’informatique. Ce sont, en fait des écoles préparatoires à l’exil. On n’a pas beaucoup de renseignements sur les écoles clandestines du fait du manque de journalistes.
Les tensions inter-ethniques grandissent. Prenons l’exemple du recrutement des fonctionnaires. Dans le récent concours de recrutement des fonctionnaires de niveau 3, le niveau le plus élevé, les candidats ont constaté avec stupeur que les questions des QCM étaient rédigées en langue pachtoune exclusivement. Les persanophones n’ont pas pu se présenter au concours. Les talibans ont clairement signalé qu’ils allaient établir le pachtoo comme seule langue officielle.
L’interdiction du travail des femmes se fait petit à petit. Chaque région, chaque village croit y échapper, et voilà qu’on annonce des visites domiciliaires pour vérifier l’application de la loi.
Les talibans, la nuit tombée, entrent de force dans les maisons pour chercher des fonctionnaires de l’ancien régime. Ils cherchent aussi des jeunes filles. Ils les violent parfois, puis les épousent.
Ces pratiques créent bien entendu la panique dans la population. Les familles n’osent pas parler.
Je dirai un mot aussi des déplacements de population. Comme certains régimes auparavant, ils essayent d’installer des familles pachtounes, nomades ou originaires des zones tribales, dans le Nord. Parfois les talibans mettent le feu aux maisons, et récupèrent les terres fertiles.
Les talibans ne réfléchissent à aucun programme de développement du pays.
Ils dépendent des ordres que leur donnent les dirigeants pakistanais. Nous demandons à la communauté internationale, si elle veut bien nous entendre, qu’elle fasse pression sur le Pakistan pour faire cesser la pratique des mariages forcés, des déménagements forcés de populations.
Michel et Nafissa T. firent ensuite un exposé sur les dernières actions sur place : parrainages et distributions de colis alimentaires. Exposé suivi d'un rappel des actions de l'association depuis sa création. Le tout illustré de photos et de vidéos.
La séance se termina autour d'un thé agfhan.
La situation en Afghanistan
&
L’intervention humanitaire
Septembre 2022
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Les talibans ont repris le pouvoir en Afghanistan depuis plus d’un an. Ils ont fait la preuve de leurs divisions et de leur incapacité à gérer un État . Ils sont divisés : certains souhaitent une application stricte de la sharia, d’autres voudraient assouplir un peu ces règles pour être reconnus par la communauté internationale. La sécurité s’est améliorée, mais Daesh (le groupe État Islamique) a poursuivi ses attentats meurtriers.
Les femmes sont les premières victimes de ce pouvoir.
De jour en jour, leurs libertés sont diminuées : Accompagnement obligatoire par un membre masculin de la famille, interdiction de voyager, interdiction de faire ses courses sans porter le hijab islamique, interdiction de poursuivre des études… Mariages forcés…
Les manifestations de femmes sont sévèrement réprimées. Les talibans veulent exclure les femmes de l’espace public.
Une économie en faillite.
L’économie fonctionnait grâce à l’aide internationale. Elle est aujourd’hui en ruine. La production est à l’arrêt, les échanges sont considérablement limités, le chômage est généralisé. Cette situation favorise les pratiques mafieuses et la culture de l’opium... La famine menace.
L’Afghanistan est privé de l’aide au développement, cependant les organisations internationales sont généralement restées sur place, elles ont au moins maintenu des antennes pour pouvoir reprendre l’aide quand les conditions politiques le permettront.
Une société de plus en plus violente.
En l’absence d’un état de droit, les conflits se règlent par la force et la violence. Les haines inters ethniques réapparaissent et se développent. Elles se combinent souvent avec une lutte pour la terre.
Quarante années de guerre ont développé une culture de la force : les problèmes ne se règlent pas par la conciliation et le débat. Les plus fortunés échappent à cette situation en s’installant dans les émirats ou en Turquie. Cette émigration des plus riches affaiblit encore le pays.
Le rôle des associations :
Comme la plupart des associations, nous estimons que notre rôle est de rester en Afghanistan, et de maintenir l’aide à la population autant que faire se peut.
Les Afghans ne sont en rien responsables d’une situation qui leur est faite, en fonction de considérations géopolitiques. (Convoitise des pays voisins)
Nous privilégions deux modes d’intervention : les parrainages de jeunes enfants, qui leur permettent de continuer leurs études tant bien que mal, et les colis alimentaires, qui aident quelques familles à survivre.
SOLIDARITÉ PROVENCE AFGHANISTAN - Sept 2022
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